Hé bien voilà ! C'est gagné ! A force d'essayer de crier plus fort que l'autre, les "pro" et les "anti" ont fait tellement de bruit que tout le monde a oublié de réfléchir. Personne n'a pensé au sort de nos vaillants "hussards de la République", les maîtres et maîtresses d'école !
Tous les joueurs d'awélé (ou awalé) le savent : on ne peut pas crier et réfléchir en même temps. Ou alors très mal.
Nous pouvons d'ailleurs le constater dans tous les films d'épouvante ; quand la jeune fille voit arriver le monstre, elle se met à hurler et se recroqueville dans un coin de la pièce, au lieu de s'enfuir par la porte, comme tout le monde. Il la coupe alors en deux _voire en trois ou quatre_ et c'est bien fait pour elle. Et ça repose les oreilles. Passons. S'il la viole, c'est que vous vous êtes trompés de salle, c'est un porno. Repassons
Du boulot en perspective !
Bref, en validant le projet de loi, le conseil constitutionnel _qui retrouve subitement grâce auprès de ceux qui l'accusaient hier de tous les maux_ permet la promulgation du mariage pour tous ce samedi. Et, dès la fin du week-end, les instituteurs et trices devront bouleverser leurs habitudes. Ce qu'ils n'aiment pas, on le mesure à chaque proposition de réforme.
Pourtant, s'ils ne révisent pas d'arrache-pied voici ce qui risque d'arriver...
- "Tu diras à ta maman de passer me voir demain"
- "J'ai pas de maman !"
- "Pauvre petit ! Et il y a longtemps que tu as perdu ta maman ?"
- "Nan, je l'ai pas perdue ! J'ai jamais eu de maman !"
- "Ah, je vois... alors tu diras à ton papa de passer me voir."
- "Lequel ?"
- "Heu... bon oublie tout ça"
Inversement il faudra aussi éviter ça...
- "Nous allons marquer un petit mot dans le carnet de correspondance pour la fête de l'école : appel aux mamans de bonne volonté pour confectionner des pâtisseries".
- "Tu veux être aviateur ? Et ton papa, il fait quoi dans la vie ?"
Ou "tu veux être sage-femme, comme ta maman ?"
Dictées et études à revoir
De la même façon, il faudra être prudent avec les dictées. Même si elles sont à l'évidence tombées en désuétude.
Par exemple,
"La petite fille s'était jetée _jeté...eu_ dans les bras de son papa" devra être proscrit sous peine de risque de traumatisme grave.
Il faudra aussi éviter les sujets de rédaction (dissertation) du genre,
"Raconte la journée de papa/maman", "Raconte une promenade avec papa/maman"... etc.
Bien entendu, il ne faudra surtout pas demander, pour une raison ou pour une autre,
- "Quel est le nom de jeune fille de ta maman ?"
au risque de se lancer dans une digression peu scolaire sur la notion de "nom de jeune fille". Et sur l'absence de notion de "nom de jeune homme".
Enfin, quand il s'agira d'initier nos chères têtes blondes (et brunes) aux grandes pages de la littérature française, on renoncera à ouvrir la leçon sur Victor Hugo en écrivant au tableau noir
"Mon père ce héros au regard si doux".
Voila.
A mon avis, il va y avoir sous peu de la revendication salariale dans l'air. Et c'est normal(e) !